Contre le sentiment d'insécurité, le maire cherche à imposer la surveillance vidéo à Sèvres

Publié le par Section LDH de Meudon Sèvres Clamart

Contre le sentiment d'insécurité, le maire cherche à imposer la surveillance vidéo à Sèvres

Contre le sentiment d'insécurité, le maire cherche à imposer la surveillance vidéo
De qui se moque-t-on?
Le conseil municipal du 18 octobre 2018 s'est vu présenter par Monsieur Jiaume une communication sur la sécurité qui soulève bien des questions :
On y découvre en effet que Sèvres aurait besoin de vidéo surveillance ! Et pourquoi ? Parce que le GPSO l'aurait ainsi décidé ! Mais, mais le GPSO a-t-il autorité ? Non, car le conseil municipal de Sèvres n'a pas  délibéré ni décidé de déléguer ses pouvoirs au GPSO, ce qui n'est possible que depuis le 18 août 2018 (article 132-14 du code de la sécurité intérieure). Donc GPSO n'a pas décidé ! C'est bel et bien le maire de Sèvres qui voudrait installer des caméras de surveillance.
Oui bien sûr il dit vidéo protection, mais a-t-on jamais vu une caméra descendre de son mât pour protéger quelqu'un? Les caméras ne protègent personne, elles permettent parfois dans, 1 à 3 % des cas, d'apporter des éléments utiles mais rarement décisifs lors d'enquêtes (Source :https://usbeketrica.com/article/la-pretendue-demande-de-videosurveillance-est-une-construction-politique)
Ainsi, contrairement à la présentation faite au conseil, le GPSO s'est contenté de mettre en place les moyens matériels pour installer et exploiter des caméras de vidéosurveillance à condition que la ville de Sèvres ait décidé ainsi ou que, horresco referens*, elle cède sa souveraineté au GPSO en la matière ce qui n'est pas fait, pas encore…
Mais ce que Monsieur Jiaume n'a pas exposé, c'est d'expliquer en quoi les caméras respectent-elles  trois impératifs : la nécessité, l'efficacité, la proportionnalité. Ces impératifs résultent du fait que la vidéosurveillance constitue une atteinte à au moins quatre libertés fondamentales garanties par notre constitution :
⦁    la liberté d'aller et venir, qui est détruite par le fait qu'on enregistre nos mouvements
⦁    la présomption d'innocence, qui fait qu'on ne saurait enquêter et accumuler des éléments éventuellement à charge a posteriori sans une information judiciaire ou un motif sérieux
⦁    la protection de la vie privée : savoir où vous allez, qui vous fréquentez, ce que vous achetez, quelle voiture vous conduisez, etc. etc.
⦁    la liberté d'expression, puisque cette surveillance peut dissuader tel ou tel de s'exprimer en public, manifester etc..

Certains diront « oui mais moi je n'ai rien à cacher… »,« je n’ai rien de fait de mal ni d’illégal donc peu importe si on m’espionne ». C’est l’argument auquel se heurtent systématiquement les défenseurs de nos libertés numériques. Mais n’avoir « rien à cacher », et accepter de livrer toutes ses données à l'Etat, à Facebook, Google et à une multitude de services « gratuits » tout en sachant, de façon plus précise depuis les révélations d’Edward Snowden, que ces données alimentent directement la surveillance de masse : est-ce vraiment un raisonnement tenable sur le long terme ? Est-ce la société que nous voulons ?
Edward Snowden l'exprime clairement : « Dire que votre droit à la vie privée importe peu car vous n’avez rien à cacher revient à dire que votre liberté d’expression importe peu, car vous n’avez rien à dire. Car même si vous n’utilisez pas vos droits aujourd’hui, d’autres en ont besoin. Cela revient à dire : les autres ne m’intéressent pas »
Certes l’État de droit (ou presque) ce n'est pas Facebook ou Google, mais à y regarder de plus près, L’État ne protège nos données que bien mal... alors, la municipalité de Sèvres ou le GPSO... quand Monsieur Jiaume nous dit que les données ne sont pas consultées, sauf réquisition policière ou judiciaire,  ni conservées, rappelons vous l'affaire Benalla:
Nous avons tous lu ou entendu les propos lénifiants des promoteurs de la vidéosurveillance  outrance, qu’ils soient tenus par les entreprises privés de la vidéosurveillance, des collectivités territoriales ou même de l’Etat nous assurant que :
1/ les vidéos sont automatiquement effacées après un délai de 30 jours.
2/ il est impossible qu’un enregistrement soit copié et/ou puisse sortir d’un centre de supervision urbaine (CSU) en dehors d’une procédure judiciaire. On a même lu ici ou là que c’était techniquement impossible.
Ce sont des faux semblants qui dissimulent nos concitoyens sur les dangers engendrés par la vidéosurveillance généralisée, hors de tout contrôle démocratique
On apprend maintenant que des hauts gradés de la police nationale ont procuré illégalement à M. Benalla des vidéos datant de presque trois mois.
    Les vidéos ont été conservées plus d’un mois
    Les vidéos ont été copiées et transmises à un conseiller au comportement de voyou appartenant à un réseau parallèle de l’Élysée
Pour un exemple de vol d’enregistrements mis en évidence à cette occasion, combien de cas dont nous n’entendrons jamais parler ?

 

Et quel est l'objectif avancé  pour justifier  cette mise sous surveillance vidéo de la population sévrienne?
C'est de faire diminuer le "sentiment d'insécurité "! Étrange !

Sommes donc si inquiets quand nous nous promenons dans les rues de Sèvres de jour comme de nuit ? La peur règne -t-elle sur la ville ? Comment l'a-t-on mesuré, ce sentiment ? Nous, quand nous discutons avec nos amis sévriens, quand nous parlons avec nos enfants qui rentrent tard le soir, quand nous parlons du collège ou du lycée, voire de la circulation, nous entendons jamais évoquer de sentiment d'insécurité !
Il se peut que nous soyons  passés à côté. Qu'on nous montre donc les mesures objectives de ce sentiment d'insécurité, les indicateurs pertinents!
On ouvrira alors une discussion entre Sévriens pour en comprendre la cause (autres que les discours successifs de Valls,  Cazeneuve, Collomb...) et nous réfléchirons aux dispositions pour faire prendre conscience que l'on vit bien et en sécurité à Sèvres, et,  s'il reste des sujets concrets d'insécurité on se mettra au travail les éliminer!
Mais qu'on arrête de se moquer des Sévriens  en proclamant dans le Sévrien de novembre 2018  la chose faite, avec des justifications risibles donant à croire que la surveillance vidéo est une panacée contre les chauffars, les cambrioleurs, les braqueurs, bien au rebours de la réalité statistique.

alors même que
⦁    Aucune  délibération du conseil municipal sur la base d'éléments concrets n'a eu lieu
⦁    l'autorisation préfectorale n'a pas encore été demandée,
⦁    le  budget prévisionnel (investissement, exploitation, maintenance) est inconnu (on peut craindre que les entrepreneurs qui prospèrent sur le sentiment de peur encore mieux que les assureurs se gavent à l'occasion)


Non à une mise sous surveillance  vidéo qui ne protège personne, rabote nos libertés et prive la ville de ressources qui pourraient bien mieux contribuer à un  vivre ensemble plus harmonieux!
A suivre...

* Horresco referens= je frémis à une telle évocation

Sur des sujets connexes dans le présent blog:

http://ldh-meudon-sevres-clamart.over-blog.com/2017/10/balivernes-d-etat-etat-d-urgence-permanent-surveillance-generalisee.html

http://ldh-meudon-sevres-clamart.over-blog.com/2017/10/reprenons-notre-liberte-technologique.html

http://ldh-meudon-sevres-clamart.over-blog.com/2018/01/28-janvier-journee-europeenne-pour-la-protection-des-donnees-personnelles.html

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